XIII. Paris sous la Révolution

La Révolution. — Élections aux États généraux. — Affaire du faubourg Saint-Antoine. — Serment du Jeu de Paume. — Prise de la Bastille. — Journée du 5 octobre. — Fête de la Fédération. Fuite du roi. — Journée du 10 août. — Massacres de septembre. — Procès de Louis XVI. — État de Paris en 1793. — Fin de la Terreur. — Constitution de l'an III. — Créations de la Convention. — Paris sous le Directoire. — Paris divisé en douze arrondissements. — Parisiens célèbres.

La Révolution.

La Révolution marque rétablissement d'une société nouvelle sur les ruines de l'ancien régime. Elle proclame les droits de l'homme, l'égalité de tous devant la loi et le droit de la nation à se gouverner elle-même. Elle peut se diviser en trois périodes qui en marquent le progrès, l'apogée et la décadence. La première s'étend de 1789 à 1792. C'est la période de la Constituante et de l'Assemblée législative, qui reconnaissent encore l'autorité du roi. Avec la Convention arrive la deuxième période. Les dangers s'accroissent et se multiplient : au dehors, l'invasion s'avance menaçante, au dedans les conspirateurs s'agitent. La Convention fait face à tout : elle repousse les armées étrangères, écrase les rebelles de l'intérieur, et fonde réellement l'édifice de la société moderne. Mais, en même temps, elle ternit sa gloire par le supplice du roi et de toute sa famille et par des exécutions sans nombre. Cette époque sanglante a un nom qui la caractérise bien : la Terreur. La chute des terroristes, en 1796, marque le commencement de la troisième période. Les troubles intérieurs sont apaisés, et la France peut tourner toutes ses forces contre l'étranger : c'est l'époque des guerres d'Italie, où un jeune général, Bonaparte, se couvre de gloire. Mais la foi républicaine s'est affaiblie à mesure que les dangers ont diminué et le Directoire se trouvera désarmé lorsque Bonaparte établira par la force le Consulat. Le coup d'État du 18 brumaire 1799 marque la fin de la Révolution.

Elections aux États généraux.

Depuis les derniers Etats généraux, convoqués sous Louis XIII en 1614, la population parisienne s'était singulièrement augmentée, et un nouveau mode d'élection des députés fut reconnu nécessaire. C'est le 21 avril 1789 qu'on y procéda ; les citoyens vinrent voter dans l'église de leur paroisse. La paroisse était alors, comme aujourd'hui en Angleterre, une sorte de division administrative. La ville fut partagée en soixante sections, et dans chacune d'elles les habitants âgés de 25 ans et payant une certaine somme d'impôts élurent un représentant pour cent électeurs. On constitua ainsi des assemblées primaires, qui eurent à désigner les députés définitifs, au nombre de vingt-quatre pour Paris. Le clergé et la noblesse avaient voté à part, comme pour les précédents États.

Affaire du faubourg Saint-Antoine.

Ces élections provoquèrent une grande agitation, surtout dans les faubourgs. Le 27 avril, huit jours après les élections primaires, une petite émeute éclata au faubourg Saint-Antoine. Un fabricant de papiers peints, appelé Réveillon, avait essayé de réduire de moitié le salaire des ouvriers : sa maison fut envahie, pillée et détruite en quelques heures. On prétendit que le duc d'Orléans, dont la mésintelligence avec la cour était connue, avait excité les meneurs et encouragé ces violences.

Serment du Jeu de Paume.

Les Etats généraux, assemblés à Versailles le 5 mai, furent bientôt en lutte avec le roi. Impatienté de la résistance qu'il rencontrait, le roi fit fermer la salle des séances. Aussitôt la plupart des députés du tiers état et du clergé se réunirent le 20 juin dans une des salles du palais de Versailles, la salle du Jeu de Paume, et là, ils jurèrent tous de ne se séparer qu'après avoir établi une nouvelle Constitution : c'est le célèbre serment du Jeu de Paume.

Prise de la Bastille.

Le roi fit alors appeler plusieurs régiments étrangers, qui campèrent au Champ de Mars, à Charenton et dans les Champs-Elysées, Cette mesure de défiance, suivie du renvoi de Necker, mit le feu aux poudres : le 13 juillet 1789, les Parisiens, soulevés par l'éloquence d'un jeune orateur, Camille Desmoulins, s'armèrent pour marcher à la conquête de la Bastille.

Un soleil radieux éclaira la matinée du 14 juillet. Vers dix heures, une députation des sections se présenta à la porte de la Bastille et demanda à parler au gouverneur Delaunay. Celui-ci reçut les députés, qui lui demandèrent, au nom du peuple, d'abaisser les ponts-levis de la prison et de faire retirer les canons de leurs embrasures. Delaunay répondit évasivement, et les délégués se retirèrent.

A deux heures, une foule immense de citoyens armés, accompagnée d'un bataillon de soldats des gardes françaises, revint devant la Bastille. Cette fois, la forteresse était close, en état de siège, et en haut des tours, on voyait la garnison sous les armes, les canons prêts à tonner. En un clin d'œil les chaînes du premier pont-levis furent brisées à coup de hache et le peuple pénétra dans ce qu'on appelait l'avant-cour, où étaient situés l'hôtel du gouverneur et divers autres bâtiments. Une vive fusillade s'engagea aussitôt entre les défenseurs de la Bastille et le peuple.

Tout à coup la lueur d'un incendie brilla et une épaisse fumée cacha les assiégeants aux assiégés : c'était l'hôtel du gouverneur qui brûlait : le peuple y avait mis le feu à l'aide de voitures de paille amenées du dehors à cette intention. En face, était le pont-levis redoutable que tant de gens n'avaient franchi qu'une fois et qui les séparait de leur famille et de leurs amis mieux que mille lieues de mer. Le pont-levis était relevé, bien entendu, et il fallait le démolir pour entrer dans la forteresse. Le peuple disposa des pièces de canon pour l'abattre et prendre ensuite la place d'assaut.

Quatre-vingts hommes environ formaient toute la garnison de la Bastille ; ils étaient armés, mais ils avaient à peine quelques munitions, et les boulets qu'on avait en toute hâte montés sur les plates-formes des tours n'étaient pas du calibre des pièces. Le gouverneur était au milieu d'eux ; voyant la situation désespérée, il s'avança vers un baril de poudre avec une torche allumée. Deux sous-officiers s'élancèrent sur lui et retinrent son bras, sauvant ainsi la vie à dix mille personnes peut-être. Une rapide délibération s'engagea entre les défenseurs de la forteresse, à la suite de laquelle on décida d'arborer le drapeau blanc et de se rendre. Le seul drapeau blanc qu'on put trouver fut le mouchoir même du gouverneur, qui fut agité du haut des tours pendant que les tambours battaient le rappel.

Quelques instants après, le pont-levis s'abaissait et les Parisiens purent pénétrer dans la Bastille. Les invalides et les soldats étaient sans armes : ils furent saisis, mais sauf quelques bousculades, n'eurent aucun mal. La foule courut alors aux cachots et y délivra les prisonniers, peu nombreux d'ailleurs, qui y étaient enfermés. Delaunay fut reconnu et aussitôt arrêté. Il avait voulu, sachant bien quel devait être son sort, se percer le cœur avec une canne à épée, mais on ne lui en laissa pas le temps. Il fut conduit à l'Hôtel-de-Ville, suivi d'une multitude immense qui l'accablait d'injures et lui jetait des pierres. Les généreux citoyens qui s'étaient emparés de lui espéraient, en le conduisant à l'Hôtel-de-Ville, sauver sa vie ; ils n'y réussirent pas ; l'infortuné gouverneur fut massacré sur la place de Grève même, et sa tête, mise au bout d'une pique, promenée en triomphe à travers les rues de Paris.

La démolition de la Bastille, commencée dès le lendemain, ne fut achevée, malgré l'empressement qu'on y mit, que plus d'un an après,

Comme on le verra plus loin, les matériaux provenant de sa démolition furent en partie employés à la construction du pont de la Concorde, qui avait été entrepris en 1787. Plusieurs projets furent mis en avant pour la décoration de la place de la Bastille ; il fut surtout question d'une fontaine monumentale, dont le motif principal eût été un éléphant gigantesque ; le modèle même en fut bâti ; mais on abandonna ce projet après 1830 pour lui substituer la colonne actuelle de Juillet, élevée à la mémoire des victimes des journées dites les trois glorieuses, 27, 28 et 29 juillet 1830.

Journée du 5 octobre.

Désormais, les grandes phases de la Révolution se succèdent sans interruption : la Déclaration des droits de l'homme, la nuit du 4 août, pendant laquelle la noblesse et le clergé abandonnèrent, dans un élan généreux, tous leurs privilèges ; enfin les journées des 5 et 6 octobre.

Le roi était toujours à Versailles, ce qui irritait fort les Parisiens : or, le bruit se répandit que, le 2 octobre, les gardes du corps y avaient donné un banquet où tous les convives s'étaient juré de mourir pour le roi et de lutter contre les idées nouvelles. Aussitôt, un grand nombre de Parisiens partent pour Versailles, envahissent le palais, forcent le roi et la reine à paraître aux fenêtres, et enfin les ramènent à Paris, au château des Tuileries, qu'aucun roi encore n'avait habité.

Fête de la Fédération, le 14 Juillet 1790.

On résolut de célébrer l'anniversaire de la prise de la Bastille par une grande fête patriotique, où tous les citoyens viendraient prêter serment à la Constitution et se fédérer pour la défendre. Cette imposante solennité eut lieu, le 14 Juillet 1790, au Champ de Mars ; malgré une pluie torrentielle, le Champ de Mars n'était pas assez vaste pour contenir la foule des fédérés ; l'autel de la Patrie se dressait au milieu de la vaste plaine. Après une messe célébrée par l'évêque d'Autun, on défila pour prêter serment. Le roi prononça les paroles suivantes : « Moi, roi des Français, je jure d'employer le pouvoir que m'a délégué l'acte constitutionnel de l'État à maintenir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par moi. »

En dépit de ce serment, Louis XVI tenta de s'enfuir, moins d'un an après, et de rejoindre les émigrés qui cherchaient à former une coalition des nations étrangères contre la France. La famille royale, reconnue à Varennes (Meuse), fut arrêtée et ramenée à Paris, au château des Tuileries, qui désormais devint une prison pour elle.

Journée du 10 Août.

La fuite de Varennes n'avait eu d'autre résultat que de creuser un fossé plus profond entre la nation et le roi. Après l'émeute du 20 Juin 1792, dans laquelle la foule envahit les Tuileries et força le roi à se coiffer du bonnet phrygien, parut dans les journaux royalistes le manifeste du duc de Brunswick, général de l'armée prussienne. Ce manifeste était une véritable déclaration de guerre à la nation. L'émotion et la colère furent, cette fois, à leur comble, et toutes les sections décidèrent une marche à main armée contre les Tuileries. L'affaire eut lieu le 10 août : le château était en état de défense ; les bataillons de la garde nationale et le régiment des Suisses étaient massés dans le jardin des Tuileries. Dès huit heures du matin, le peuple se mit en marche, conduit par un brasseur du faubourg Saint-Antoine, Santerre, qu'il avait choisi pour général.

Prison de l'Abbaye

Prison de l'Abbaye.

Construite en 1522 pour la juridiction de l'abbé de Saint-Gennain-des-Prés, elle fut transformée plus tard en prison militaire. En 1789, elle servit de prison aux gardes françaises. Elle a été démolie eu 1854.

A l'approche du péril, Louis XVI et Marie-Antoinette s'enfuirent par le jardin et allèrent se réfugier dans la salle des séances de l'Assemblée législative. Un combat meurtrier s'engageait pendant ce temps aux Tuileries ; le palais, envahi, fut incendié en partie, et ses défenseurs obligés de se disperser. Deux mille hommes périrent dans cette triste journée.

Massacres de septembre.

Ancien quartier de l'abbaye de Saint Germain des Prés

Ancien quartier de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés.

Nous entrons dans la période la plus sombre de la Révolution. L'étranger était sur les frontières ; la patrie fut déclarée en danger : le peuple s'enrôlait en masse dans les bataillons de volontaires. Mais en même temps, les prisons se remplissaient de tous ceux qui paraissaient suspects. La fausse nouvelle de la prise de Verdun par les Prussiens fit encore prendre les armes au peuple, mais cette fois il n'y eut même pas de bataille ; ce fut un odieux égorgement des malheureux qu'on avait enfermés dans les prisons, notamment à l'Abbaye, — l'ancienne prison de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Le massacre dura pendant toute la nuit du 2 septembre 1792.

Procès et supplice de Louis XVI.

Depuis la journée du 10 août et l'incendie des Tuileries, Louis XVI et la famille royale étaient enfermés au Temple, l'ancienne résidence des Templiers, devenue ensuite la demeure des religieux de l'ordre de Malte, et tombée enfin au pouvoir de la nation, en vertu de la loi qui supprimait les congrégations religieuses. Le procès de Louis XVI fut instruit par la Convention ; le roi, accusé d'avoir voulu livrer la nation aux puissances étrangères, fut condamné à mort.

Il fut exécuté le 21 janvier 1793, sur la place de la Révolution, aujourd'hui place de la Concorde. Le 16 octobre de la même année, Marie-Antoinette subit le même supplice. Leurs restes furent inhumés dans le cimetière qui dépendait alors de la paroisse de la Madeleine. Sous la Restauration, en 1816, on crut les y retrouver, et Louis XVIII prescrivit la construction, à la place même de leur sépulture, d'une chapelle dite expiatoire, qui existe encore aujourd'hui sur le boulevard Haussmann. En même temps, les corps de Louis XVI et de Marie-Antoinette furent transportés dans l'église de l'abbaye de Saint-Denis, consacrée aux sépultures royales.

État de Paris en 1793.

Il est curieux de jeter un coup d'œil sur l'état de Paris au moment où la Révolution y est souveraine maîtresse. C'est l'époque appelée la Terreur. Les prisons étaient remplies de détenus ; il y en avait cinq mille à l'Abbaye, au Luxembourg, à la Force. Cette dernière prison était située rue Pavée, n° 22, au Marais. Elle tirait son nom de la famille de la Force dont l'hôtel avait occupé jadis son emplacement.

Costumes du temps de la Révolution

Costumes du temps de la Révolution.

La Convention avait créé un tribunal révolutionnaire pour juger les suspects. Un mot, une dénonciation suffisaient pour rendre un homme suspect ; on l'arrêtait, on le jugeait sommairement, et il était exécuté aussitôt.

Les églises étaient fermées. On essaya d'abord d'établir le culte de la Raison ; la Raison était personnifiée par une femme devant laquelle défilaient les fidèles de la nouvelle religion. Plus tard, Robespierre abolit ces hommages ridicules et fit décréter par la Convention le culte de l'Être suprême et l'Immortalité de l'âme.

La Convention divisa Paris en districts dont les noms ne rappelaient plus aucun des souvenirs du vieux Paris, surtout ceux des couvents ou des églises ; c'étaient les districts des Piques, du Bonnet rouge, des Sans-Calottes, de Brutus, des Amis de la patrie, des Droits de l'homme, etc. L'hôtel des Invalides fut transformé en Temple de l'Humanité.

Beaucoup de noms de rues furent changés et mis en harmonie avec les idées révolutionnaires. C'est ainsi que la rue Montmartre s'appela rue du Mont-Marat ; la rue Dauphine, rue de Thionville ; la place du Palais-Royal, place de la Maison-Égalité ; le carrefour de la Croix-Rouge, carrefour du Bonnet-Rouge, etc., etc. Une modification plus imprévue fut celle qui consista à numéroter les maisons, non par rue, comme aujourd'hui, mais par section. On demeurait rue du Contrat-Social, n° 1340, par exemple, ou place de la Raison (parvis Notre-Dame), n° 525.

Fin de la, Terreur. Le 9 Thermidor.

Le régime de la Terreur dura plus d'un an. Enfin, un parti se forma dans la Convention pour enlever le pouvoir au Comité de salut public. Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), Robespierre fut exécuté avec son frère et ses amis Couthon, Saint-just et Lebas.

Ce fut la fin de la Terreur. Pendant les 420 jours qu'elle avait duré elle avait fait, à Paris seulement, 2 700 victimes.

Constitution de l'An III. Le 13 Vendémiaire.

Ce ne fut pas toutefois sans résistance que les Jacobins de Paris se laissèrent enlever le pouvoir. Le 1er prairial an III (20 mai 1795), le peuple des faubourgs se souleva encore une fois contre la Convention et envahit la salle des séances. Les émeutiers avaient massacré un représentant du peuple, Féraud, et portaient sa tête au bout d'une pique. Boissy-d'Anglas, qui présidait la Convention ce jour-là, se rendit célèbre par sa fermeté : il refusa d'ouvrir la séance et salua la tête de Féraud. L'émeute fut promptement réprimée et la Convention désarma les sections.

Avant de se séparer, la Convention décréta que les deux tiers des deux assemblées qui devaient la remplacer seraient pris dans son sein. La Constitution et le décret furent soumis au vote du peuple.

Cette mesure mécontenta fortement le parti de l'opposition, royalistes et républicains modérés, qui comptait obtenir la majorité aux élections de renouvellement. Ils déclarèrent que le peuple n'avait pas accepté le décret et qu'on avait falsifié le résultat du vote. A Paris 40 000 hommes essayèrent d'envahir la salle des séances pour faire rapporter le décret. Le général Bonaparte, chargé de défendre la Convention, les écrasa dans la rue Saint-Honoré, devant l'église Saint-Roch, et les dispersa après leur avoir tué 500 hommes.

Créations de la Convention.

La Convention, pendant les trois ans qu'elle a gouverné, créa un grand nombre d'institutions, dont plusieurs subsistent encore aujourd'hui.

1° L'École polytechnique, destinée en principe à former des ingénieurs pour les grands travaux publics. Elle fut d'abord installée dans l'ancien hôtel de Lassay, aujourd'hui hôtel du président de la Chambre des députés. Les élèves étaient externes, et, au lieu de payer une pension comme maintenant, ils recevaient une solde de l'Etat. Ce fut en 1804 seulement que l'école fut transférée sur la montagne Sainte-Geneviève, dans les bâtiments du vieux Collège de Navarre ; elle fut soumise alors au régime militaire, qu'elle a conservé depuis.

2° L'École normale supérieure, qui avait pour mission de former des professeurs. Les plus grands savants de l'époque furent choisis pour y donner l'enseignement. Les cours furent ouverts d'abord à plusieurs centaines d'auditeurs externes ; mais quelques années plus tard, l'école devint un internat où l'on ne reçut plus qu'un petit nombre d'élèves. Installée d'abord au Collège du Plessis, près du lycée Louis-le-Grand, elle fut transférée rue d'Ulm en 1845.

3° Le Conservatoire des Arts-et-Métiers, dans les anciens bâtiments du Prieuré de Saint-Martin-des-Champs, sur la proposition du conventionnel Grégoire, évêque de Blois. L'institution avait pour but, comme maintenant, l'étude des sciences appliquées aux arts industriels.

4° Le Musée du Louvre, appelé d'abord Muséum. La Convention avait ordonné d'y réunir toutes les œuvres d'art appartenant à la nation. Il s'accrut, en 1816, des richesses provenant du Musée des monuments français, fondé aussi par la Convention, et que dirigeait un érudit, homme de goût, Alexandre Lenoir. Dans ce musée, situé dans l'ancien couvent des Petits-Augustins, sur le quai Malaquais, Lenoir avait eu l'heureuse idée de grouper les œuvres d'art suivant l'époque à laquelle elles appartenaient, de manière à présenter un ensemble chronologique des divers styles de notre architecture et de nos productions artistiques. Louis XVIII supprima le Musée des monuments français, le réunit au musée du Louvre et, en 1816, installa à sa place l'école des Beaux-Arts dans les bâtiments qu'elle occupe encore aujourd'hui.

5° Le Muséum d'histoire naturelle. Dans l'ancien Jardin du Roi, créé par Louis XIII, et que nous appelons maintenant Jardin des Plantes, la Convention fonda, sur la proposition d'un de ses membres, l'illustre Lakanal, le Muséum d'histoire naturelle, pour l'étude des sciences naturelles : zoologie, botanique, géologie, minéralogie, anatomie de l'homme. Cette institution est demeurée telle que l'avait conçue la Convention.

A ces fondations, il convient d'ajouter le Bureau des longitudes, installé à l'Observatoire, pour les études astronomiques, et le Musée d'artillerie. La Convention organisa aussi nos bibliothèques publiques.

Paris sous le Directoire.

Le costume sous le Directoire

Le costume sous le Directoire.

A la Convention succéda le Directoire ; ce fut une époque de désordre et de frivolité.

On imagina de faire revivre les coutumes et les modes de l'antiquité païenne : les femmes se vêtirent à la grecque et à la romaine, avec des robes flottantes et ouvertes. Ce fut le temps des Muscadins et des Incroyables. Barras, l'un des Directeurs, donnait, au palais du Luxembourg, des fêtes qui étaient de véritables orgies.

Par toute la ville, ce n'étaient que jeux et danses effrénées ; l'Elysée, devenu depuis le palais du chef de l'État, n'était alors qu'un vaste jardin avec des bosquets, où des industriels tenaient une fête perpétuelle. Il en était de même à Tivoli, à Frascati, dont les noms, empruntés à l'antiquité, servaient d'étiquette à une parodie ridicule des mœurs romaines dans ce qu'elles avaient de plus relâché.

Paris divisé en douze arrondissements.

Sous ce triste régime, l'administration municipale subit cependant une modification importante. En l'an IV (1796), Paris fut divisé en douze arrondissements ; cette division a duré jusqu'à l'annexion des communes suburbaines, en 1860.

Voltaire

Voltaire.

Parisiens célèbres du dix-huitième siècle.

Voltaire (François-Marie-Arouet de) (1694-1778) — est un des plus grands écrivains français. Poète, historien, philosophe, il a abordé tous les genres. L'épopée lui doit le seul poème français dont elle puisse s'enorgueillir, la Henriade ; ses tragédies d'OEdipe, de Brutus, de la Mort de César, de Mahomet, de Zaïre et de Mérope renferment d'admirables beautés. Son Histoire du Siècle de Louis XIV et son Essai sur les mœurs et l'esprit des nations sont des chefs-d'œuvre. Sa volumineuse Correspondance restera comme un modèle du style épistolaire.

Beaumarchais (1732-1799), auteur du Barbier de Séville, du Mariage de Figaro et de Mémoires qui l'ont placé au premier rang des écrivains français.

D'Alembert (1717-1783), est surtout connu par sa collaboration à l'Encyclopédie universelle, fondée avec Diderot.

Marivaux (1688-1763), a composé un grand nombre de comédies aujourd'hui un peu oubliées ; on peut citer, entre autres, les Fausses confidences, l'Ecole des mères, le Jeu de l'amour et du hasard, etc.

Gassini (1677-1756), astronome, célèbre surtout par ses travaux relatifs à la détermination de la figure de la terre.

Turgot (1727-1781), ministre de Louis XVI, un des plus grands économistes français, se signala à son passage au ministère par d'utiles réformes ; il a, en outre, laissé quelques ouvrages économiques.

Lavoisier (1743-1794), illustre chimiste ; découvrit la composition de l'air. C'est lui qui a créé la nomenclature chimique.

Madame Roland (1754-1793), femme du ministre girondin Roland, auteur de Mémoires ; morte sur l'échafaud pendant la Terreur.

Bailly (1736-1793), maire de Paris au commencement de la Révolution ; il a laissé quelques ouvrages scientifiques ; il mourut sur l'échafaud.

Boucher, mort en 1770, peintre de genre, remarquable surtout comme coloriste. Fut le protégé de la fameuse madame de Pompadour.

Pigalle (1714-1785), un des plus grands sculpteurs français. A fait de Voltaire plusieurs bustes restés célèbres ; il avait été chargé d'exécuter la statue monumentale de Louis XV qui orna, de 1763 à 1793, la place de la Concorde.

Table des matières

Introduction

Livre Premier — Histoire de Paris

I. Lutèce. — Paris gallo-romain.

II. Paris sous les Mérovingiens et les Carolingiens.

III. Paris sous les Capétiens

IV. Paris sous Philippe-le-Bel

V. Paris sous les Valois. — Philippe VI et Jean le Bon.

VI. Paris sous les Valois. — Charles V.

VII. Paris sous les Valois. — XVe siècle.

VIII. Paris sous les Valois. — XVIe siècle.

IX. Paris sous les Bourbons. — Henri IV, Louis XIII.

X. Paris sous les Bourbons. — Louis XIV.

XI. Paris sous les Bourbons. — Louis XV.

XII. Paris sous les Bourbons. — Louis XVI.

XIII. Paris sous la Révolution.

XIV. Le Consulat et l'Empire.

XV. Paris sous la Restauration.

XVI. Paris sous Louis-Philippe.

XVII. Paris sous la République de 1848.

XVIII. Paris sous le second Empire.

XIX. La guerre de 1870.

Livre II — Monuments de Paris

I. Époque gallo-romaine.

II. Architecture romane (époque capétienne).

III. Architecture ogivale.

IV. La Renaissance.

V. L'architecture au XVIIe siècle.

VI. L'architecture au XVIIIe siècle.

VII. L'architecture au XIXe siècle.

VIII. L'architecture, de 1848 à nos jours.

Livre III — Administration

I. Généralités.

II. Administration municipale. — Autrefois.

III. Administration municipale. — Aujourd'hui.

IV. Voirie. — Boulevards, rues, places, etc. — Circulation. — Cimetières. — Éclairage.

V. La Seine. — Canaux. — Eaux potables. — Égouts.

VI. Approvisionnements.

VII. Enseignement. — Bibliothèques.

VIII. Musées. — Théâtres.

IX. Assistance publique.

X. Police. — Prisons. — Pompiers.

XI. Grands établissements parisiens.

Paris et les parisiens.

Les environs de Paris.