XI. Grands établissements parisiens

Banque de France. — Crédit foncier. — Hôtel de la Monnaie. — Imprimerie nationale. — Manufacture des Tabacs. — Palais de la Légion d'honneur. — Douanes. — Docks. — Caisse des Dépôts et consignations. — Caisses d'épargne.

Banque de France.

C'est à François Ier que remonte la première idée d'une banque publique. C'est lui en effet qui, en 1543, institua, à Lyon, un établissement où l'on recevait l'argent de tous moyennant un intérêt de 8 0/0. Ce ne fut cependant qu'au dix-huitième siècle, avec Law, que la banque prit en France une grande extension. On sait à quel degré de prospérité parvint la maison de banque de Law, située rue Quincampoix, et comment le célèbre financier se perdit pour s'être engagé dans de folles spéculations. Sa chute désastreuse fit abandonner, pendant le reste du dix-huitième siècle, l'idée d'une banque publique soutenue par l'Etat. Ce n'est qu'en 1803, en effet, que le Premier Consul fonda la Banque de France telle qu'elle existe actuellement. Son capital, qui était primitivement de 30 millions, s'est successivement augmenté, surtout depuis Louis-Philippe, et c'est aujourd'hui l'un des premiers établissements financiers du monde.

La Banque de France a pour objet d'escompter des billets, de faire des avances sur les effets publics et d'opérer les recouvrements de traites. Elle émet des billets de cinquante, cent, cinq cents et mille francs, dont la valeur est garantie par le Gouvernement. La Banque de France est installée dans un vaste hôtel datant du dix-septième siècle, l'hôtel de la Vrillière, construit par Mansart. Dans ses caves, d'une solidité à toute épreuve et facilement inondables en cas d'incendie, sont renfermés d'immenses capitaux en numéraire.

Crédit foncier.

Autrefois, et jusqu'à la seconde moitié de ce siècle, les prêts sur les propriétés immobilières n'étaient consentis qu'à des taux exorbitants, qui menaçaient à la longue de ruiner la propriété en France. C'est pour remédier à ce danger qu'on eut l'idée, sous le second Empire, d'autoriser des établissements de crédit qui ne pourraient prêter qu'à un taux fixé par la loi, et pour un temps plus ou moins long. Presque aussitôt après le décret de février 1852 qui consacrait cette idée, fut fondée la Banque foncière de Paris, immédiatement suivie de la création de banques semblables à Marseille et à Nevers. L'année suivante, ces trois établissements se réunirent en un seul, qui s'est appelé Crédit foncier de France. Le Crédit foncier est actuellement une des institutions fondamentales du crédit public en France. Outre les prêts sur hypothèques qu'il fait aux simples particuliers, il aide puissamment les communes en leur avançant les sommes qui leur sont nécessaires pour des travaux d'utilité publique.

Hôtel de la Monnaie.

Ce n'est que de la Révolution que date le système de monnayage actuellement en vigueur en France. Sous l'ancien régime, en effet, la valeur des monnaies changeait souvent, ce qui ne laissait pas que de nuire grandement aux relations commerciales. Jusqu'à Louis IX même, les seigneurs avaient le droit de battre monnaie, et ce ne fut guère, en somme, que Charles V et Charles VII qui mirent un peu d'ordre dans la fabrication des monnaies. Charles VII organisa la Cour des Monnaies, chargée de juger tous les procès relatifs aux questions monétaires, et cette cour resta en exercice jusqu'en 1789. A cette époque, il existait en France trente hôtels des monnaies, dont chacun marquait d'un signe distinctif les pièces de sa fabrication. La Révolution appliqua aux monnaies le système décimal et créa plusieurs centres, qui furent réduits à sept par une ordonnance datée de 1837. L'Hôtel des Monnaies de Paris est resté seul en exercice et les pièces qui sortent de ses ateliers sont frappées d'un A. Cet hôtel est situé sur le quai Conti, près de l'Institut ; il date de la seconde moitié du dix-huitième siècle.

Imprimerie nationale.

C'est à Louis XIII que remonte la fondation de l'Imprimerie nationale ; ce roi l'installa au Louvre, en 1640, sous le nom d'Imprimerie royale, qu'elle garda jusqu'à la Révolution. Elle passa de là à l'hôtel de la Vrillière (actuellement la Banque de France), et enfin dans les bâtiments qu'elle occupe aujourd'hui, rue Vieille-du-Temple. L'Imprimerie nationale est un établissement unique au monde, qui occupe près de douze cents ouvriers. Elle a publié nombre d'ouvrages qui sont des chefs-d'œuvre d'impression. Parmi les collections sorties de ses presses, il faut citer les Écrivains byzantins, les Documents inédits de l'Histoire de France et le Bulletin des Lois qui se poursuivent toujours. Elle possède en outre une précieuse collection d'ouvrages divers et surtout de livres imprimés en caractères orientaux.

Manufacture des Tabacs.

Pour répondre à l'énorme consommation de tabacs de tout genre qui se fait annuellement à Paris, l'Etat a fondé deux manufactures : l'une à Reuilly, pour la fabrication exclusive des cigares, l'autre, qui est de beaucoup la plus importante, au quai d'Orsay, et que l'on connaît sous le nom de Manufacture du Gros-Caillou. Quelques chiffres donneront une idée des produits fabriqués par cette dernière en 1887 : cigares de 25 centimes, un million cinq cent mille ; cigares de 10 centimes, dix-sept millions cinq cent mille ; cigarettes dites élégantes, par paquets de soixante centimes, quarante millions ; par paquets de cinquante centimes, cent trente-huit millions ; par paquets de quarante centimes, soixante-quinze millions, etc., etc.

Palais de la Légion d'honneur.

L'ordre de la Légion d'honneur fut institué en 1802, par Bonaparte. Il fut d'abord exclusivement militaire, mais il devint presque aussitôt civil. Le nombre des décorations de la Légion d'honneur est limité, sauf pour les chevaliers ; elles sont conférées par le chef de l'Etat, qui est grand maître de l'Ordre ; il est assisté par un grand chancelier et un conseil d'administration. Le palais de la Légion d'honneur date du dix-huitième siècle. Il a été construit en effet sous Louis XVI, pour le prince de Salm, par l'architecte Rousseau. C'est là que se réunissait, sous le Directoire, la brillante société qui entourait madame de Staël. Brûlé en 1871, cet édifice a été reconstruit au même endroit et sur les mêmes plans, rue de Solférino.

De la Légion d'honneur dépendent les maisons d'éducation d'Écouen, de Saint-Denis et des Loges, où sont élevées les filles des officiers, membres de l'Ordre.

Douanes.

C'est de Colbert que date véritablement en France l'organisation des douanes. C'est lui qui, en effet, par un édit en date de 1667, établit les tarifs applicables aux marchandises importées de l'étranger en France. Depuis cette époque, le système des douanes a été bien des fois bouleversé, notamment sous la Révolution. Actuellement, les douanes sont régies par un directeur général et un conseil d'administration qui siège à Paris.

Docks.

Les docks de la Villette sont, pour les marchandises en général, et notamment pour les céréales, ce que sont les deux entrepôts de la Halle aux Vins et de Bercy pour les alcools et les vins. Leurs bâtiments sont situés, comme on sait, à la Villette, où ils couvrent une immense étendue de terrain. Ils furent construits, de 1850 à 1860, par une Société dite des Magasins généraux, à laquelle l'Etat et la Ville adjoignirent plus tard leurs propres dépôts. Jusqu'alors les seuls entrepôts de marchandises avaient été la Halle aux Blés et le Grenier d'abondance, tous deux disparus aujourd'hui.

Aucun emplacement ne pouvait être mieux choisi pour nos Docks parisiens que celui qu'on leur a donné : ils se trouvent, en effet, à proximité des deux gares du Nord et de l'Est, du chemin de fer de Ceinture et des canaux de l'Ourcq et Saint-Denis.

Caisse des dépôts et consignations.

La Caisse des dépôts et consignations a été établie pour garder momentanément les valeurs qui lui sont confiées volontairement. Son origine remonte à Henri III qui établit des caisses de ce genre dans les principales villes du royaume. Il n'y eut aucun changement dans cette organisation jusqu'à la Révolution, qui supprima les receveurs, et rattacha ce service à la Caisse d'amortissement. La Caisse des dépôts et consignations, telle qu'elle existe actuellement, date de 1816. Elle est aujourd'hui installée dans les bâtiments d'un ancien hôtel bâti au dix-huitième siècle pour M. de Belle-Isle. Cet hôtel, situé quai d'Orsay, fut brûlé en 1871. Il a été restauré depuis, mais il a conservé sa physionomie d'autrefois.

Caisses d'épargne.

Les Caisses d'épargne ont pour but de recevoir et faire fructifier les économies des classes laborieuses. Leur origine remonte à peine au commencement de ce siècle, et au début elles s'administraient elles-mêmes. Ce n'est qu'en 1825 que l'État les soumit à sa surveillance et leur prescrivit de faire leurs emplois de fonds en rentes françaises. Il y a maintenant des caisses d'épargne dans toutes les grandes villes de France. La plus importante est sans contredit celle de Paris. Installée autrefois rue Coq-Héron, elle a été transportée récemment rue du Louvre, dans de vastes bâtiments situés derrière le nouvel Hôtel des Postes.

Outre la Caisse d'épargne, il existe une Caisse des retraites pour la vieillesse, grâce à laquelle, moyennant un versement annuel déterminé, on touche à cinquante ans une rente proportionnelle. Cette institution date de 1850.

Les grands établissements parisiens

Table des matières

Introduction

Livre Premier — Histoire de Paris

I. Lutèce. — Paris gallo-romain.

II. Paris sous les Mérovingiens et les Carolingiens.

III. Paris sous les Capétiens

IV. Paris sous Philippe-le-Bel

V. Paris sous les Valois. — Philippe VI et Jean le Bon.

VI. Paris sous les Valois. — Charles V.

VII. Paris sous les Valois. — XVe siècle.

VIII. Paris sous les Valois. — XVIe siècle.

IX. Paris sous les Bourbons. — Henri IV, Louis XIII.

X. Paris sous les Bourbons. — Louis XIV.

XI. Paris sous les Bourbons. — Louis XV.

XII. Paris sous les Bourbons. — Louis XVI.

XIII. Paris sous la Révolution.

XIV. Le Consulat et l'Empire.

XV. Paris sous la Restauration.

XVI. Paris sous Louis-Philippe.

XVII. Paris sous la République de 1848.

XVIII. Paris sous le second Empire.

XIX. La guerre de 1870.

Livre II — Monuments de Paris

I. Époque gallo-romaine.

II. Architecture romane (époque capétienne).

III. Architecture ogivale.

IV. La Renaissance.

V. L'architecture au XVIIe siècle.

VI. L'architecture au XVIIIe siècle.

VII. L'architecture au XIXe siècle.

VIII. L'architecture, de 1848 à nos jours.

Livre III — Administration

I. Généralités.

II. Administration municipale. — Autrefois.

III. Administration municipale. — Aujourd'hui.

IV. Voirie. — Boulevards, rues, places, etc. — Circulation. — Cimetières. — Éclairage.

V. La Seine. — Canaux. — Eaux potables. — Égouts.

VI. Approvisionnements.

VII. Enseignement. — Bibliothèques.

VIII. Musées. — Théâtres.

IX. Assistance publique.

X. Police. — Prisons. — Pompiers.

XI. Grands établissements parisiens.

Paris et les parisiens.

Les environs de Paris.