Histoire de Paris par Fernand Bournon
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IV. Voirie. — Boulevards, rues, places, etc. — Circulation. — Cimetières. — Eclairage
L'ancien Paris. — Boulevards, rues, places, promenades. — Maisons. — Circulation. — Éclairage. — Cimetières.
L'ancien Paris.
Au moyen âge, et jusqu'au commencement de ce siècle, Paris était bien loin de ressembler à la ville que nous connaissons aujourd'hui. Au lieu de nos grandes voies, larges et bien aérées, admirablement entretenues, des ruelles étroites et malsaines, dont on peut se faire une idée en parcourant les vieilles rues du quartier de la place Maubert, serpentaient entre des maisons dont les boutiques et même les étages supérieurs étaient en saillie. Les toits opposés étaient si rapprochés qu'ils semblaient se toucher. La plupart de ces rues n'étaient pas pavées, et comme le service de la voirie était encore tout à fait rudimentaire, les ordures et la boue dont elles étaient couvertes répandaient une odeur infecte, foyer permanent d'épidémies terribles, qui décimaient périodiquement la population.
Les rues n'étaient pas éclairées ; elles ne commencèrent à l'être, et encore d'une façon très imparfaite, qu'au dix-septième siècle. Elles étaient, par conséquent, plongées la nuit dans une obscurité profonde, et bien rares étaient ceux qui osaient s'y aventurer après l'heure du couvre-feu. Car à cette heure, les voleurs et les truands devenaient les maîtres de la ville, sans s'inquiéter des rondes inoffensives du guet, qui constituait toute la police de l'époque.
Boulevards, rues, places, promenades.
Le mode d'entretien du pavage varia plusieurs fois. Une ordonnance de 1348 obligeait les propriétaires à entretenir et à nettoyer le pavage devant leurs maisons. Plus tard, le gouvernement contribua avec la Ville à le tenir en état. Enfin, frappant le propriétaire d'une taxe spéciale, la Ville prit à sa charge la voirie, et actuellement l'Etat et le département ne lui viennent en aide que pour une somme de quatre millions.
Paris est, pour le nombre et l'étendue de ses rues, la seconde ville d'Europe ; Londres vient en effet en première ligne avec 7 400 rues, offrant un développement de 4 200 kilomètres.
Les rues de Paris sont au nombre de 3 619, et leur longueur totale est de 958 kilomètres. Elles peuvent être divisées en deux classes : les rues parallèles et les rues perpendiculaires à la Seine. Pour les premières, les numéros suivent toujours le cours du fleuve, c'est-à-dire partent du côté de l'est ; pour les secondes, les numéros commencent en partant de la Seine et s'élèvent à mesure qu'ils s'en éloignent. On peut citer, parmi les plus belles voies de la capitale, la rue de Rivoli, la rue du Quatre-Septembre, l'avenue de l'Opéra, la rue de la Paix, les boulevards de la Madeleine, des Capucines, des Italiens, Bonne-Nouvelle, Montmartre, Poissonnière, de Sébastopol et de Strasbourg, l'avenue des Champs-Élysées, les places de la Concorde, de la Bastille, Vendôme, du Palais-Royal, de l'Opéra, les boulevards Haussmann, Saint-Germain, Saint-Michel et Malesherbes, et même les boulevards extérieurs, où s'élevaient les murs d'octroi avant l'annexion des communes comprises entre ce mur et les fortifications, en 1860.
Il existe à Paris un certain nombre de passages couverts, assez peu fréquentés aujourd'hui, sauf cependant les passages Jouffroy et des Panoramas, voisins des grands boulevards et situés au cœur de la ville.
L'usage des trottoirs qui bordent les rues est d'origine récente. Les premiers remontent à 1781, et ce n'est qu'en 1823 que les propriétaires furent obligés d'en border les constructions nouvelles. Les rues sont pavées en grès, en bois, ou encore asphaltées ou macadamisées.
Plus de quatre cent mille arbres, marronniers, platanes, etc., ornent nos grandes voies publiques et contribuent à l'assainissement de la Ville.
Parmi les promenades de Paris, les plus fréquentées sont celles des boulevards et des Champs-Elysées, les bois de Boulogne et de Vincennes.
Citons également les jardins des Tuileries et du Luxembourg, le Jardin des Plantes, le parc Monceau, ceux des Buttes-Chaumont et de Montsouris.
Soixante-sept squares, créés dans ces dernières années, sont destinés à offrir, à peu près dans chaque quartier de la ville, des asiles ombragés aux promeneurs et aux enfants. Nous citerons, parmi les principaux, les squares Montholon, de la Trinité, Parmentier, des Batignolles.
Maisons.
C'est le préfet de la Seine qui accorde les autorisations de bâtir et les permissions nécessaires pour l'établissement de tous les ouvrages en saillie dans les rues de Paris. Toutes les maisons doivent être numérotées et ne pas dépasser une hauteur déterminée d'après la largeur de la rue où elles s'élèvent. De plus, aucune barrière, aucun obstacle fixe ne doit dépasser les façades de plus de 15 centimètres.
Les constructions nouvelles ou soumises à de grosses réparations doivent être disposées de manière à conduire à l'égout les eaux pluviales et ménagères.
Enfin, des commissions d'hygiène ont pour mission d'inspecter les logements et de constater s'ils réunissent bien toutes les conditions de salubrité désirables.
Les maisons modernes sont, en général, bien aérées et confortables ; mais il est encore d'anciens quartiers qui renferment beaucoup de logements sombres et malsains. Ces quartiers tendent heureusement à disparaître pour faire place à des constructions nouvelles.
Avant la guerre de 1870, il y avait à Paris 60 000 maisons et 612 500 logements, dont 481500 d'un loyer inférieur à 500 francs. En 1871, il y eut un moment 19 000 logements vacants.
Depuis lors, des maisons se sont élevées de tous côtés, et de 1879 à 1882 surtout, une fièvre de construction sembla s'être abattue sur la capitale. Au 31 décembre 1886, le nombre des propriétés bâties dépassait 82 000.
Circulation.
Dans l'ancien Paris, et jusqu'à Louis XV, il y avait peu ou point de voitures. En 1662, une société fut autorisée par le roi à établir un service de carrosses publics ; mais cette entreprise échoua presque aussitôt.
Sous la Restauration, l'usage des omnibus commença à reprendre faveur et il en existait de nombreuses entreprises concurrentes, lorsque, en 1855, le monopole de l'exploitation fut accordé à la Compagnie générale des omnibus moyennant une redevance annuelle, qui s'est élevée pour 1887 à 1 557 000 francs. La compagnie possède 1 900 voitures et transporte par an 191 500 000 voyageurs.
Avec les omnibus proprement dits, Paris possède aussi des tramways, sortes d'omnibus roulant sur des rails. La première ligne de tramways construite à Paris fut celle du Louvre à Versailles (1854) ; on l'appelait alors chemin de fer américain.
Eu 1873, c'est-à-dire bien longtemps après les autres capitales, Paris fut doté d'un réseau de tramways proprement dits, desservant la ville et la banlieue. Les lignes les plus importantes furent concédées à la Compagnie générale des omnibus. Mais, en outre, deux compagnies se fondèrent, celle des Tramways-Nord et celle des Tramways-Sud, dont les noms indiquent suffisamment la destination.
En 1885, les lignes de tramways ont transporté 124 millions de voyageurs.
Il existe enfin des voitures de place ou fiacres, dont l'origine remonte au dix-septième siècle. Peu nombreuses au commencement du siècle, elles se multiplièrent rapidement ; on en comptait 4 500 à l'avènement du second Empire, et il y en a maintenant 12 000.
Ces voitures se divisent en voitures de place et voitures de remise, stationnant sur la voie publique aux endroits désignés par l'autorité préfectorale. Le tarif des voitures est fixé par le préfet de police, et leur vitesse moyenne doit être de 8 kilomètres à l'heure.
Toutes ces voitures portent un numéro qui est délivré par la préfecture de police ; elles sont en outre pourvues de la double estampille des deux préfectures.
C'est à la Compagnie des Petites-Voitures qu'appartient la plus grande partie des fiacres parisiens.
Pour relier entre elles les grandes lignes de chemins de fer et en même temps desservir les quartiers excentriques, il existe un chemin de fer de ceinture qui suit intérieurement la ligne des fortifications. De plus, on a depuis longtemps projeté de construire dans Paris un chemin de fer métropolitain , comme il en existe dans plusieurs grandes capitales, notamment à Londres et à Berlin. La réalisation de ce projet, malgré toutes les difficultés qu'il entraine et la vive opposition qu'il a rencontrée, paraît devoir être assez prochaine.
A ces divers moyens de transport il convient d'ajouter le mouvement, fort important aujourd'hui, des bateaux faisant le service des voyageurs sur la Seine. C'est en 1865 que se fondèrent simultanément plusieurs compagnies de bateaux ; elles se sont fusionnées depuis en une seule, la Compagnie des bateaux-omnibus, qui traverse Paris dans toute sa longueur, du pont National, à Ivry, jusqu'au Point-du-Jour, à Auteuil.
Ce mode de transport a été accueilli avec faveur par les Parisiens, et le nombre des voyageurs qui, en 1867, n'était que 2 800 000, atteint actuellement le chiffre annuel de 21 000 000.
Éclairage.
Jusqu'au dix-septième siècle, les rues de Paris restèrent plongées dans la plus complète obscurité ; à cette époque on imagina de mettre une lanterne aux deux extrémités de chaque rue ; on en ajoutait parfois une au milieu quand la voie était importante. Cet éclairage était encore bien imparfait, et ce n'est que sous le premier Empire que furent faits les premiers essais d'éclairage au gaz. Abandonnés pendant la Restauration, ils ne furent sérieusement repris que sous Louis-Philippe et surtout sous le second Empire, qui organisa ce service tel qu'il existe encore aujourd'hui. En 1859, le monopole de l'éclairage public et privé fut concédé à une Compagnie fermière, la Compagnie de chauffage et d'éclairage par le gaz, dont le traité avec la Ville est encore en vigueur.
Actuellement le nombre des becs de gaz éclairant les rues de Paris atteint 49 000. Il n'est plus une seule de nos rues qui n'en soit pourvue.
Dans ces dernières années, des expériences ont été tentées pour remplacer l'éclairage au gaz par la lumière électrique. Quoiqu'elles aient été en partie couronnées de succès, il ne paraît pas que ces tentatives aient donné encore un résultat véritablement pratique.
Cimetières.
Autrefois, les cimetières étaient fort nombreux et, sans parler des églises qui renfermaient chacune un grand nombre de sépultures, chaque paroisse, ou à peu près, avait son cimetière particulier. Mais le principal cimetière de Paris était le cimetière des Innocents situé non loin des Halles, sorte de vaste place carrée entourée d'un charnier destiné à abriter les ossements. Jusqu'en 1780, ce cimetière continua à recevoir des sépultures. A cette époque, la situation était devenue intolérable par suite du nombre immense de tombes qu'il renfermait, et l'on fut forcé de le fermer. Tous les ossements furent portés dans de vieilles carrières souterraines qui tirèrent de là leur nom de Catacombes, et on construisit, sur l'emplacement resté libre, la fontaine des Innocents.
Ce n'est que sous le premier Empire qu'on commença à s'occuper sérieusement de l'organisation des cimetières parisiens.
Les trois cimetières principaux de Paris ont été, jusqu'à ces dix dernières années : pour l'est, le Père-Lachaise, fondé sur l'emplacement d'une maison ayant appartenu au célèbre confesseur de Louis XIV ; pour le sud, Montparnasse ; pour le nord, Montmartre. Tout récemment on a créé deux immenses cimetières extra muros, l'un à Bagneux pour la rive gauche, l'autre à Pantin pour la rive droite. Il existe, en outre, quatorze cimetières moins importants, appartenant tous aux communes annexées en 1860. Ce sont les cimetières d'Auteuil, des Batignolles, de Belleville, de Bercy, de Charonne, de Grenelle, d'Ivrv, de La Chapelle (Marcadet), de Montmartre (Calvaire), de Montmartre-Saint-Ouen (ancien et nouveau), de Montmartre-Saint-Vincent, de Passy, de La Villette et de Vaugirard.
Table des matières
Livre Premier — Histoire de Paris
I. Lutèce. — Paris gallo-romain.
II. Paris sous les Mérovingiens et les Carolingiens.
IV. Paris sous Philippe-le-Bel
V. Paris sous les Valois. — Philippe VI et Jean le Bon.
VI. Paris sous les Valois. — Charles V.
VII. Paris sous les Valois. — XVe siècle.
VIII. Paris sous les Valois. — XVIe siècle.
IX. Paris sous les Bourbons. — Henri IV, Louis XIII.
X. Paris sous les Bourbons. — Louis XIV.
XI. Paris sous les Bourbons. — Louis XV.
XII. Paris sous les Bourbons. — Louis XVI.
XIII. Paris sous la Révolution.
XV. Paris sous la Restauration.
XVI. Paris sous Louis-Philippe.
XVII. Paris sous la République de 1848.
XVIII. Paris sous le second Empire.
XIX. La guerre de 1870.
Livre II — Monuments de Paris
II. Architecture romane (époque capétienne).
IV. La Renaissance.
V. L'architecture au XVIIe siècle.
VI. L'architecture au XVIIIe siècle.
VII. L'architecture au XIXe siècle.
VIII. L'architecture, de 1848 à nos jours.
Livre III — Administration
I. Généralités.
II. Administration municipale. — Autrefois.
III. Administration municipale. — Aujourd'hui.
IV. Voirie. — Boulevards, rues, places, etc. — Circulation. — Cimetières. — Éclairage.
V. La Seine. — Canaux. — Eaux potables. — Égouts.
VII. Enseignement. — Bibliothèques.
VIII. Musées. — Théâtres.
X. Police. — Prisons. — Pompiers.
XI. Grands établissements parisiens.
Paris et les parisiens.
Les environs de Paris.