II. Architecture romane (époque capétienne)

Origines de l'architecture romane. — Caractères de l'architecture romane. — Saint-Germain-des-Prés, l'église et l'abbaye.

Origines de l'architecture romane.

Plan d'une église romane

Plan d'une église romane.

Elle se composait d'un chœur et de trois nefs formées par trois rangées de piliers. Derrière le chœur, se trouvait l'abside, partie réservée au clergé et où était l'autel.

Après l'invasion des Barbares, l'art de construire subit un arrêt. Du sixième au neuvième siècle, de nombreuses basiliques s'élevèrent, néanmoins, parmi lesquelles il faut citer celle de Saint-Denis ; mais les invasions normandes survinrent, puis la crainte folle de l'an mille s'empara des esprits et retarda tout progrès.

L'architecture, cependant, avait subi en France l'influence byzantine ; l'église de Saint-Front, à Périgueux (984), rappelle beaucoup Saint-Marc de Venise ; or, les Vénitiens s'étaient inspirés de l'architecture de l'Orient, avec lequel ils avaient de grandes relations commerciales. Saint-Front fut imité dans une partie de l'Aquitaine et dans l'ouest de la France.

Dès les premières années du onzième siècle, une nouvelle architecture apparut dans notre pays. La plupart des églises avaient été détruites par les invasions normandes ; elles furent rebâties dans un style qui avait été d'abord employé par les religieux de l'abbaye de Cluny. Ce nouveau style a pris le nom d'architecture romane.

Caractères de l'architecture romane.

Abandonnant la coupole byzantine, les nouveaux architectes adoptèrent d'abord la voûte en berceau ou plein cintre, qu'ils empruntèrent aux Romains ; ce fut le point de départ de l'architecture romane. Pour renforcer cette voûte, ils relièrent les murs extérieurs, appelés gouttereaux, — c'est-à-dire les murs recevant l'écoulement des eaux, — par un arc portant sur les piliers de la nef ; c'est l'arc doubleau. Extérieurement et intérieurement, ils élevèrent des contreforts pour résister à la poussée des voûtes ; enfin, après bien des tâtonnements, pour assurer la solidité de l'édifice, ils remplacèrent le berceau ou plein cintre par des voûtes d'arêtes, formées par l'intersection de deux demi-cylindres ; la poussée se trouva alors reportée sur les quatre piliers qui soutiennent la voûte : l'édifice en acquit plus de solidité et on put lui donner plus d'élévation.

Eglises romanes

Eglises romanes.

Elles se distinguent par des murs épais et des piliers massifs soutenant de lourdes voûtes en pierre. Tous les arcs sont en plein cintre.

Donc, ce qui distingue l'architecture romane, c'est l'arc en plein cintre, l'épaisseur des murs, les rares ouvertures au milieu des murailles nues, qui font ressembler ces églises à des citadelles. Les colonnes sont trapues ; les chapiteaux ornés de personnages et d'animaux d'aspect grotesque et naïf. Les archivoltes sont presque toujours décorées, et cette décoration consiste en dessins géométriques ; les tours sont carrées et certaines d'entre elles sont de véritables forteresses bâties de façon à pouvoir soutenir un siège.

Saint-Germain-des-Prés, l'église et l'abbaye.

Le seul monument de l'architecture romane qui nous soit resté à Paris est l'église Saint-Germain-des-Prés.

Vers l'année 543, Childebert avait fondé l'église de Saint-Vincent, aujourd'hui Saint-Germain-des-Prés, pour y mettre en dépôt une précieuse relique de saint Vincent, rapportée de son expédition d'Espagne ; en même temps fut fondée une abbaye, où saint Germain, évêque de Paris, reçut la sépulture.

Incendiée par les Normands au neuvième siècle, cette basilique fut reconstruite aux onzième et douzième siècles telle que nous la voyons aujourd'hui. Extérieurement, l'église est très simple; ses gros murs, percés de fenêtres en plein cintre, soutenus par des contreforts, n'ont d'autre ornement qu'une corniche à la partie supérieure et un cordon de billettes1 à la hauteur du cintre des fenêtres.

Contreforts romans

Contreforts romans.

C'étaient de forts piliers, souvent terminés par des pignons, et destinés à renforcer les murs extérieurs contre la poussée des voûtes.

Arcatures romanes

Arcatures romanes.

Elles étaient en plein cintre et soutenues par des piliers, dont les chapiteaux étaient généralement ornés de feuillages grossièrement sculptés.

Chapiteaux romans

Chapiteaux romans.

Le tailloir A était plus large que la corbeille B.

La nef a été remaniée au dix-huitième siècle : douze de ses anciens chapiteaux, si curieux, sont actuellement au musée de Cluny. Le chœur du douzième siècle a peu changé d'aspect. Le maître-autel se trouve placé à l'entrée de ce chœur, entre les deux tours : dix colonnes soutiennent les arceaux cintrés, au-dessus desquels est une galerie dont les colonnes en beau marbre proviennent peut-être de l'église de Childebert. Les sculptures des chapiteaux présentent une variété remarquable.

Nef de Saint-Germain-des-prés

Nef de Saint-Germain-des-prés.

Elle est représentée dans son état actuel. Construite par Childebert au sixième siècle, elle fut rebâtie au onzième siècle. C'est le seul monument d'architecture romane existant encore à Paris.

Le territoire de l'ancienne abbaye s'étendait entre les rues Jacob, Saint-Benoît, de l'Échaudé et le côté sud de notre boulevard Saint-Germain. La rue actuelle de l'Abbaye passe sur l'emplacement des deux cloîtres, qui se trouvaient du côté nord de l'église, et sur celui de la chapelle de la Vierge, chef-d'œuvre de Pierre de Montereau, l'architecte de la Sainte-Chapelle et de Saint-Martin-des-Champs. Dans la même rue de l'Abbaye, on peut encore voir le palais abbatial, bâti par le cardinal de Furstemberg à la fin du dix-septième siècle.

A l'angle sud-est de l'abbaye, était la prison où les abbés, qui avaient droit de justice, enfermaient leurs sujets insoumis. C'est dans cette prison qu'eurent lieu, en 1792, les massacres des prêtres et des nobles qui y étaient enfermés.

Gargouille - Monuments de Paris

1  On appelle billettes une sorte de décoration qui consiste dans des sections de moulures, en forme d'ornements allongés et cylindriques.

Table des matières

Introduction

Livre Premier — Histoire de Paris

I. Lutèce. — Paris gallo-romain.

II. Paris sous les Mérovingiens et les Carolingiens.

III. Paris sous les Capétiens

IV. Paris sous Philippe-le-Bel

V. Paris sous les Valois. — Philippe VI et Jean le Bon.

VI. Paris sous les Valois. — Charles V.

VII. Paris sous les Valois. — XVe siècle.

VIII. Paris sous les Valois. — XVIe siècle.

IX. Paris sous les Bourbons. — Henri IV, Louis XIII.

X. Paris sous les Bourbons. — Louis XIV.

XI. Paris sous les Bourbons. — Louis XV.

XII. Paris sous les Bourbons. — Louis XVI.

XIII. Paris sous la Révolution.

XIV. Le Consulat et l'Empire.

XV. Paris sous la Restauration.

XVI. Paris sous Louis-Philippe.

XVII. Paris sous la République de 1848.

XVIII. Paris sous le second Empire.

XIX. La guerre de 1870.

Livre II — Monuments de Paris

I. Époque gallo-romaine.

II. Architecture romane (époque capétienne).

III. Architecture ogivale.

IV. La Renaissance.

V. L'architecture au XVIIe siècle.

VI. L'architecture au XVIIIe siècle.

VII. L'architecture au XIXe siècle.

VIII. L'architecture, de 1848 à nos jours.

Livre III — Administration

I. Généralités.

II. Administration municipale. — Autrefois.

III. Administration municipale. — Aujourd'hui.

IV. Voirie. — Boulevards, rues, places, etc. — Circulation. — Cimetières. — Éclairage.

V. La Seine. — Canaux. — Eaux potables. — Égouts.

VI. Approvisionnements.

VII. Enseignement. — Bibliothèques.

VIII. Musées. — Théâtres.

IX. Assistance publique.

X. Police. — Prisons. — Pompiers.

XI. Grands établissements parisiens.

Paris et les parisiens.

Les environs de Paris.