X. Police. Prisons. Pompiers

La police autrefois. — La police aujourd'hui. — Garde républicaine. — Les prisons autrefois. — Les prisons aujourd'hui. — Les pompiers.

La police autrefois.

Jusqu'au dix-septième siècle, la police n'exista pour ainsi dire pas. Le prévôt des marchands seul était chargé d'assurer la tranquillité de la ville, et les moyens mis à sa disposition étaient nuls ou à peu près. Les quelques soldats qui faisaient les rondes de nuit n'étaient pas assez nombreux pour en imposer aux malfaiteurs, et les batailles qu'ils engageaient avec eux tournaient souvent à leur désavantage. Bien heureux quand ils n'avaient pas à subir d'autre parties mauvais traitements des jeunes seigneurs, pour qui il était de bon ton de rosser le guet.

Aussi, les rues de Paris étaient-elles devenues, pendant la nuit, de véritables coupe-gorges, lorsque Louis XIV se décida enfin à organiser le service de la police. Par un édit du 15 mars 1667, il créa un lieutenant de police, chargé de pourvoir à la sécurité de la ville. Il confia ce poste à Nicolas de La Reynie. Une rue de Paris rappelle le nom de ce magistrat énergique, qui arriva à purger en partie la ville des malfaiteurs qui l'infestaient.

Ce système dura jusqu'à la Révolution. Celle-ci, après de nombreux tâtonnements, établit un bureau central qui est véritablement le point de départ de notre Préfecture de police.

La police aujourd'hui.

La police, à Paris, telle qu'elle existe aujourd'hui, a été réorganisée par un décret du 17 septembre 1854, complété par un arrêté en date du 20 juin 1871.

Elle a à sa tête le Préfet de Police, qui dépend directement du ministre de l'Intérieur.

La police de Paris se divise en deux grandes branches : la police municipale et la police de sûreté.

La police municipale a pour mission de veiller au bon ordre sur la voie publique et à la sécurité des habitants. Elle est dirigée par un chef de la police municipale, qui a sous ses ordres 26 officiers de paix, ainsi répartis : 1 pour chacun des 20 arrondissements, 4 aux brigades centrales, 1 pour le service des voitures et 1 pour le service des Halles ; 6 800 gardiens de la paix et 800 brigadiers ou sous-brigadiers.

La police de sûreté est dirigée par un chef et un sous-chef de la sûreté. Ils ont sous leurs ordres une brigade d'agents secrets chargés de la recherche des malfaiteurs. Le contrôle des services extérieurs surveille le bon fonctionnement des services divers dépendant de la préfecture : aliénés, halles et marchés, prisons, enfants du premier âge, etc.

Enfin le préfet de police a sous ses ordres 106 commissaires de police, savoir : 75 dans les différents quartiers de Paris, 6 au contrôle des matières d'or et d'argent, 8 pour la vérification des poids et mesures, 3 au tribunal de simple police, 2 aux délégations judiciaires, 2 commissaires interrogateurs, 1 chef de la sûreté, 1 sous-chef de la sûreté, 7 dans les gares de chemins de fer, et 1 à la Bourse.

Garde républicaine.

On peut rattacher la garde républicaine aux services de la police. — Bien qu'absolument militaire et dépendant du ministère de la guerre, ce corps a cependant dans ses attributions exclusives le service de Paris, sous la direction du ministre de l'intérieur et du préfet de police. C'est, en un mot, une sorte de gendarmerie parisienne. La garde républicaine a son origine dans un décret de décembre 1790, qui créait deux compagnies de gendarmes à pied pour le service des tribunaux et des prisons de Paris.

Elle a été bien souvent réorganisée depuis : elle a changé neuf fois de nom ; actuellement elle est divisée en deux légions qui se composent de 4 000 hommes, tant officiers que soldats.

Les prisons autrefois.

Avant la Révolution, les prisons étaient bien différentes de ce qu'elles sont maintenant. Elles étaient de trois sortes : royales, seigneuriales ou ecclésiastiques ; ces dernières étaient appelées prisons de l'officialité, dont la plus importante était le For-l'Evèque. En outre, les emprisonnements dépendaient du bon plaisir de tel ou tel grand seigneur, et une lettre de cachet suffisait pour faire enfermer de pauvres diables qui souvent n'étaient coupables que d'avoir déplu à leur seigneur et maître ; enfin, ces établissements eux-mêmes n'étaient, la plupart du temps, que des lieux de torture où les malheureux prisonniers croupissaient sur la paille, dans d'infects cachots, humides et privés d'air.

Le type le plus complet de ces anciennes prisons était la Bastille, dont la chute marqua la fin du régime pénitentiaire d'autrefois. L'Assemblée législative réorganisa en 1791 le système des prisons, qu'elle divisa en quatre catégories : 1° maisons d'arrêt ; 2° prisons pénales criminelles ; 3° prisons pénales correctionnelles ; 4° maisons de correction. Ce système a été bien souvent modifié avant d'arriver au régime actuel.

Les prisons aujourd'hui.

Paris possède aujourd'hui sept grandes prisons. Ce sont:

Mazas, inauguré en 1850 et qui peut contenir 1 200 détenus.

Sainte-Pélagie fut d'abord une communauté religieuse, fondée en 1665 pour offrir un refuge aux femmes repenties ; elle fut affectée ensuite aux détenus pour dettes ; elle est redevenue une maison de correction et peut contenir environ 600 prisonniers.

La prison de la Santé, inaugurée le 10 août 1868, est la mieux aménagée des prisons cellulaires. Elle peut contenir 1 000 individus, dont 500 prévenus soumis au régime de l'isolement et 500 condamnés vivant en commun.

Saint-Lazare est, avec Sainte-Pélagie, la plus vieille prison de Paris, car elle date de 1681. C'est la seule prison de femmes qui existe à Paris ; elle peut contenir 1 000 détenues.

La Conciergerie, réservée exclusivement aux prévenus qui vont être traduits devant les tribunaux, et aux condamnés à mort, pendant les trois jours qui leur sont accordés par la loi pour se pourvoir en cassation. Cette sombre prison, qui date de Louis IX, est sans conteste la plus ancienne de Paris et aussi la plus intéressante au point de vue historique. Nombre d'illustres prisonniers y ont été enfermés, parmi lesquels on peut citer Marie-Antoinette, Danton, Robespierre, Cadoudal, Ney, Lavallette, et quelques criminels comme Louvel, Fieschi, etc.

La Petite Roquette1, construite en 1831, ne renferme que des enfants condamnés à être enfermés dans une maison de correction jusqu'à l'âge de vingt ans. Elle peut contenir environ 300 détenus.

La Grande Roquette, appelée aussi Dépôt des condamnés, a été construite en 1836. C'est là que les condamnés à la réclusion ou aux travaux forcés attendent leur départ pour une maison centrale ou pour la Nouvelle-Calédonie et Cayenne ; c'est aussi la prison des condamnés à mort jusqu'au jour de leur exécution ou de la commutation de leur peine. La Grande Roquette peut recevoir 400 prisonniers.

A ces sept prisons il faut encore ajouter le Dépôt de la préfecture de Police, la maison de répression de Saint-Denis et celle de Nanterre, ainsi que la maison de correction et de détention militaire située dans la rue du Cherche-Midi.

Pompiers.

Autant Paris était mal protégé jadis contre l'incendie, autant le service des pompiers est admirablement organisé aujourd'hui. Douze casernes abritent les 1 800 hommes qui composent le régiment des Sapeurs-Pompiers de Paris, dont l'état-major est installé boulevard du Palais, dans les bâtiments de la Préfecture de police. C'est là que se trouve le poste central, qui est relié à tous les autres par un fil électrique. Sur plusieurs points de la capitale on a établi, de façon à rayonner sur les quartiers environnants, des postes de pompes à vapeur, toujours prêtes à fonctionner, et des postes-vigie munis des appareils nécessaires pour porter les premiers secours. Enfin un service permanent d'incendie veille à la sécurité des théâtres et de tous les monuments où il peut y avoir danger, soit pour le public, soit pour les richesses de tous genre qui y sont accumulées.

1  On croit que ce nom vient d'une petite herbe appelée roquette, qui jadis croissait en abondance sur les terrains où les deux prisons ont été bâties.

Table des matières

Introduction

Livre Premier — Histoire de Paris

I. Lutèce. — Paris gallo-romain.

II. Paris sous les Mérovingiens et les Carolingiens.

III. Paris sous les Capétiens

IV. Paris sous Philippe-le-Bel

V. Paris sous les Valois. — Philippe VI et Jean le Bon.

VI. Paris sous les Valois. — Charles V.

VII. Paris sous les Valois. — XVe siècle.

VIII. Paris sous les Valois. — XVIe siècle.

IX. Paris sous les Bourbons. — Henri IV, Louis XIII.

X. Paris sous les Bourbons. — Louis XIV.

XI. Paris sous les Bourbons. — Louis XV.

XII. Paris sous les Bourbons. — Louis XVI.

XIII. Paris sous la Révolution.

XIV. Le Consulat et l'Empire.

XV. Paris sous la Restauration.

XVI. Paris sous Louis-Philippe.

XVII. Paris sous la République de 1848.

XVIII. Paris sous le second Empire.

XIX. La guerre de 1870.

Livre II — Monuments de Paris

I. Époque gallo-romaine.

II. Architecture romane (époque capétienne).

III. Architecture ogivale.

IV. La Renaissance.

V. L'architecture au XVIIe siècle.

VI. L'architecture au XVIIIe siècle.

VII. L'architecture au XIXe siècle.

VIII. L'architecture, de 1848 à nos jours.

Livre III — Administration

I. Généralités.

II. Administration municipale. — Autrefois.

III. Administration municipale. — Aujourd'hui.

IV. Voirie. — Boulevards, rues, places, etc. — Circulation. — Cimetières. — Éclairage.

V. La Seine. — Canaux. — Eaux potables. — Égouts.

VI. Approvisionnements.

VII. Enseignement. — Bibliothèques.

VIII. Musées. — Théâtres.

IX. Assistance publique.

X. Police. — Prisons. — Pompiers.

XI. Grands établissements parisiens.

Paris et les parisiens.

Les environs de Paris.