Histoire de Paris par Fernand Bournon
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XVIII. Paris sous le second Empire
Suppression de la mairie centrale de Paris. — Embellissements de Paris. — Expositions universelles. — Attentat d'Orsini. — Annexion des communes suburbaines. — La population parisienne et l'empire.
Suppression de la mairie centrale de Paris.
L'une des premières mesures prises par l'Empire fut la suppression de la mairie centrale. On revint au régime des deux préfets de la Seine et de police ; il n'y eut plus trace, non plus, de représentation directe de la population au Conseil municipal ; l'Empereur se réserva le droit de nommer lui-même les membres d'une commission municipale, au nombre de trente-six.
Embellissements de Paris.
Sous l'administration de M. Haussmann, préfet de la Seine, d'immenses travaux furent entrepris. On commença par le percement de la rue de Rivoli, décrété cinquante ans auparavant par le premier Empire. On réunit le Louvre aux Tuileries par deux galeries monumentales, l'une sur le quai, l'autre sur la rue de Rivoli. Entre les deux palais se trouvait un espace considérable, sillonné de rues étroites aux maisons sordides : ce terrain, déblayé, forma la place du Carrousel.
Fontaine, pont et boulevard Saint-Michel.
Un percement plus considérable encore fut l'ouverture d'une longue voie, partant de la gare de Strasbourg et descendant à la Seine, sous le nom de boulevards de Strasbourg et de Sébastopol ; non loin de là se dressait la tour Saint-Jacques, dernier vestige de la vieille église de Saint-Jacqucs-la-Boucherie ; on l'isola en l'entourant d'un square.
Sur la rive gauche, la percée du boulevard de Sébastopol fut continuée. En face du Palais de Justice, fut érigé un palais pour le tribunal de Commerce qui, jusque-là, avait siégé à la Bourse. Un large boulevard, aujourd'hui boulevard du Palais, reliant l'ancien Pont-au-Change et le pont Saint-Michel, servit de trait d'union entre le boulevard de Sébastopol rive droite et le boulevard de Sébastopol rive gauche, construit sur l'emplacement de l'ancienne rue de la Harpe, et prolongé jusqu'à l'Observatoire, par suite de la reprise des terrains du Luxembourg : le boulevard de Sébastopol rive gauche est devenu le boulevard Saint-Michel. Une rue nouvelle, large et aérée, fut aussi ouverte dans le quartier latin, la rue des Ecoles.
Ces transformations rendirent Paris plus salubre ; mais le percement des nouvelles voies fit disparaître certains monuments historiques, tels que le magnifique donjon de Saint-Jean-de-Latran, l'une des plus curieuses constructions du moyen âge, que la rue des Écoles renversa sur son passage.
Expositions universelles.
Pendant l'année 1855, fut organisée la première Exposition universelle de Paris. On construisit dans ce but le Palais de l'Industrie, aux Champs-Elysées. Une autre Exposition universelle eut lieu sous le règne de Napoléon III, celle de 1867 ; elle fut beaucoup plus importante que celle de 1855. Tous les souverains de l'Europe y furent conviés et acceptèrent l'invitation.
Attentat d'Orsini.
Le 14 janvier de l'année 1858, un attentat fut dirigé contre la vie de l'Empereur, au moment où celui-ci entrait à l'Opéra, alors rue Le Peletier. Le principal auteur du crime était un Italien, nommé Orsini. Il fut condamné à mort, malgré une éloquente plaidoirie de son défenseur, Jules Favre, et exécuté au mois de mars.
Annexion des communes suburbaines, en 1860.
Depuis l'achèvement des fortifications, commencées en 1840, un certain nombre de communes comprises dans l'enceinte de Paris, étaient encore en dehors des limites de l'octroi établies sur les boulevards extérieurs. En vertu d'une loi du 16 juin 1859 et d'un décret du mois de novembre suivant, l'octroi fut reculé jusqu'aux fortifications et ces communes annexées à la capitale à dater du 1er janvier 1860. Voici leurs noms en partant de l'ouest : Auteuil, Passy, Batignolles, Montmartre, La Chapelle, La Villette, Belleville, Charonne, Bercy, Vaugirard, Grenelle. Treize autres communes furent morcelées et eurent une fraction de leur territoire comprise dans Paris : ce sont celles de Neuilly, Clignancourt, Saint-Ouen, Aubervilliers, Pantin, les Prés-Saint-Gervais, Saint-Mandé, Bagnolet, Ivry, Gentilly, Montrouge, Vanves et Issy.
Cette mesure eut pour effet d'élever de douze à vingt le nombre des arrondissements de Paris. On trouvera plus loin le tableau de ces 20 arrondissements et des 80 quartiers de Paris.
Le gouvernement comprit la nécessité de donner aux habitants des communes annexées certaines compensations pour l'aggravation de charges qu'ils allaient avoir désormais à supporter : droits d'octroi et contributions. De larges rues furent percées dans la zone autrefois suburbaine, devenue partie intégrante de la capitale. C'est alors aussi que fut aménagé le joli parc des Buttes-Chaumont.
C'est également pour la population des faubourgs que le gouvernement impérial fit transformer le Bois de Vincennes en un vaste jardin anglais, en lui donnant toutes les élégances possibles, comme on l'avait fait pour le Bois de Boulogne, dès l'année 1854. De riches habitations furent construites dans une région jusqu'alors déserte, la plaine Monceau. Le Parc Monceau subit une transformation complète, qui en a fait une des plus belles promenades de Paris.
La population parisienne et l'empire.
La majorité de la population parisienne, surtout dans les quartiers ouvriers, fut toujours hostile à l'empire, et cette hostilité se manifestait dans toutes les élections législatives. Pendant longtemps toute l'opposition, composée de cinq députés, qu'on avait surnommés le groupe des Cinq, se recruta parmi les députés de Paris. Ce groupe se trouva sensiblement augmenté dans les dernières années de l'empire, notamment en 1869, année où eut lieu l'élection de M. Thiers.
Au mois de mai 1870, l'empereur, qui avait inauguré l'empire libéral avec le ministère Ollivier, crut qu'il fortifierait le principe impérial en consultant une fois de plus la nation. Le plébiscite du mois de mai donna encore à l'empire 8 millions de suffrages dans la France entière. Mais Paris, fidèle à ses traditions, répondit par 184 000 non contre 139 000 oui.
Le résultat du plébiscite ne rendit au gouvernement qu'une demi-confîance.
Dès lors, la guerre contre la Prusse apparut comme le seul moyen de consolider la dynastie impériale.
Table des matières
Livre Premier — Histoire de Paris
I. Lutèce. — Paris gallo-romain.
II. Paris sous les Mérovingiens et les Carolingiens.
IV. Paris sous Philippe-le-Bel
V. Paris sous les Valois. — Philippe VI et Jean le Bon.
VI. Paris sous les Valois. — Charles V.
VII. Paris sous les Valois. — XVe siècle.
VIII. Paris sous les Valois. — XVIe siècle.
IX. Paris sous les Bourbons. — Henri IV, Louis XIII.
X. Paris sous les Bourbons. — Louis XIV.
XI. Paris sous les Bourbons. — Louis XV.
XII. Paris sous les Bourbons. — Louis XVI.
XIII. Paris sous la Révolution.
XV. Paris sous la Restauration.
XVI. Paris sous Louis-Philippe.
XVII. Paris sous la République de 1848.
XVIII. Paris sous le second Empire.
XIX. La guerre de 1870.
Livre II — Monuments de Paris
II. Architecture romane (époque capétienne).
IV. La Renaissance.
V. L'architecture au XVIIe siècle.
VI. L'architecture au XVIIIe siècle.
VII. L'architecture au XIXe siècle.
VIII. L'architecture, de 1848 à nos jours.
Livre III — Administration
I. Généralités.
II. Administration municipale. — Autrefois.
III. Administration municipale. — Aujourd'hui.
IV. Voirie. — Boulevards, rues, places, etc. — Circulation. — Cimetières. — Éclairage.
V. La Seine. — Canaux. — Eaux potables. — Égouts.
VII. Enseignement. — Bibliothèques.
VIII. Musées. — Théâtres.
X. Police. — Prisons. — Pompiers.
XI. Grands établissements parisiens.
Paris et les parisiens.
Les environs de Paris.