III. Administration municipale. — Aujourd'hui

Conseil municipal. — Conseil général. — Préfet de la Seine. — Préfet de Police. — Maires et adjoints. — Budget de la ville de Paris : recettes. — Budget de la ville de Paris : dépenses. — Les Armoiries de Paris.

Conseil municipal.

Actuellement, Paris est divisé en vingt arrondissements ; chaque arrondissement est lui-même divisé en quatre quartiers ; soit, au total, quatre-vingts circonscriptions.

Chaque quartier constitue un groupe administratif d'habitants unis par des intérêts communs. Dans chacun de ces quartiers, les habitants élisent au suffrage universel un conseiller municipal.

Le Conseil municipal est donc composé de 80 membres, élus pour trois ans. Il choisit dans son sein son président, ses deux vice-présidents, ses quatre secrétaires et son syndic. Il y a incompatibilité entre les fonctions de maire ou d'adjoint et le mandat de conseiller municipal. Le préfet de la Seine et le préfet de police sont convoqués à toutes les délibérations du Conseil, et depuis 1886, le public est admis aux séances.

Le Conseil municipal de la ville de Paris tient annuellement, comme les autres conseils, quatre sessions ordinaires dont la durée ne doit pas excéder dix jours ; toutefois la session ordinaire, consacrée à la discussion du budget, peut durer six semaines. Il y a de nombreuses sessions extraordinaires.

Le Conseil municipal remplit le rôle du pouvoir législatif, et l'administration municipale celui du pouvoir exécutif. Le Conseil, en effet, délibère ou statue sur toutes les questions intéressant la capitale ; l'administration, représentée par les deux préfets, a pour mission de faire exécuter ses décisions. En votant le budget, surtout, le conseil se trouve être tout-puissant, car on sait que la solution de presque toutes les affaires se décide par le vote ou le refus d'un crédit.

Conseil général.

Les conseillers municipaux de Paris composent aussi le Conseil général du département de la Seine.

Lorsqu'ils siègent comme conseillers généraux pour régler les affaires du département, ils s'adjoignent huit conseillers généraux représentant les cantons suburbains.

Mairie du XIe arrondissement

Mairie du XIe arrondissement.

Préfet de la Seine.

Le préfet de la Seine est en même temps le chef de l'administration départementale de la Seine et le chef de l'administration municipale. En cette qualité, il remplit l'office de maire central de Paris pour les affaires administratives. Il a dans ses attributions les finances municipales, les élections, les travaux de la Ville, la gestion des propriétés communales, les actions judiciaires de la Ville, la direction de l'instruction publique, des établissements de bienfaisance, de la voirie et des promenades, de l'éclairage, des halles, de l'octroi, etc.

Préfet de police.

Le préfet de police, qui, comme le préfet de la Seine, relève directement du ministre de l'Intérieur, est surtout un magistrat de police judiciaire. Il dirige les services de la sûreté publique, de la salubrité, des prisons, des voitures publiques, de la surveillance des marchés.

Maires et adjoints.

L'arrondissement est administré par un maire, assisté de trois, quatre ou cinq adjoints suivant l'importance de la population ; le maire et les adjoints sont nommés par décret du président de la République. Ces officiers municipaux ont pour mission, chacun dans leur arrondissement, d'enregistrer les naissances et les décès, de publier les bans et de procéder à la célébration des mariages, de convoquer régulièrement les hommes âgés de vingt ans qui doivent tirer au sort, de veiller à l'application de la loi scolaire, etc.

A chaque arrondissement est attaché, pour la sécurité publique, une brigade de gardiens de la paix qui portent au collet de leur uniforme l'indication de l'arrondissement auquel ils appartiennent.

Enfin, dans chacune des vingt mairies, siège un juge de paix, chargé de régler à l'amiable les contestations qui s'élèvent entre les habitants ou de les trancher par un jugement, lorsque ces contestations portent sur des sommes peu considérables.

Recettes.

Une des attributions les plus importantes du Conseil municipal est, nous l'avons dit, de discuter et de voter chaque année le budget de la Ville, c'est-à-dire de fixer, d'une part, les sommes à recouvrer pour assurer les dépenses, d'autre part, la nature et le détail de ces dépenses.

Le budget de Paris a constamment suivi une marche ascendante depuis le commencement du siècle. En effet, le budget ordinaire de la Ville qui, avant 1800, était inférieur à dix millions de francs, s'est élevé :

En 1801 à..............12 millions.

En 1813 à......................23 -

En 1849 à......................44 —

En 1850 à......................53 —

En 1860 a......................106 —

En 1870 à..................148 millions.

En 1873 à......................197 —

En 1885 à......................259 —

En 1886 à....................302 —

En. 1887 à.......................303 —

La plus considérable des recettes est l'impôt prélevé sur les marchandises ou objets de consommation entrant dans Paris : c'est ce qu'on appelle l'octroi. L'octroi est établi à toutes les entrées de Paris, aux barrières d'abord, aux gares de chemins de fer : gares de marchandises et de voyageurs, sur les ports de la Seine, à l'entrepôt de Bercy, etc.

Il ne faut pas confondre l'octroi avec la douane, comme on le fait souvent. L'octroi est payé à l'entrée des villes ou des communes et à leur profit, tandis que la douane s'exerce aux frontières du pays pour les marchandises importées d'une nation étrangère en France. Il y a cependant un service de douane dans les gares de chemins de fer et dans les ports de Paris, pour les marchandises venues de l'étranger et qui n'ont pas été visitées à leur entrée en France.

L'octroi rapportait, en 1870, plus de 110 millions de francs ; ses recettes se sont élevées, en 1887, à 137 733 000 francs. Près de 3000 agents sont attachés à ce service.

La ville de Paris perçoit un droit de stationnement sur toutes les voitures publiques : elle encaisse, de ce chef, plus de 5 millions de francs ; puis viennent les taxes payées pour les inhumations dans les cimetières et les concessions de sépultures, en tout 3 millions et demi. De plus, sur l'ensemble des contributions annuelles que chaque citoyen doit acquitter à l'État, les villes reçoivent une quote-part qui s'appelle l'imposition communale. Pour Paris, cette imposition a atteint, en 1887, le chiffre de 33 millions de francs. La Ville tire encore d'autres revenus des taxes établies dans les halles et marchés, les abattoirs, etc.

Enfin, la ville de Paris est propriétaire d'un domaine inaliénable qu'on évalue à un milliard. Parmi les principaux monuments qui font partie de ce domaine, il faut citer l'Hôtel-de-Ville, les mairies, les églises, temples, synagogues, écoles, ainsi que les parcs, squares, et trois théâtres : la Gaîté et les deux théâtres de la place du Châtelet. Le domaine municipal comprend aussi les bois de Vincennes et de Boulogne, quoique situés en dehors de l'enceinte fortifiée.

Il ne faut pas confondre le domaine de la Ville avec le domaine de l'Etat. Celui-ci comprend les ministères, les bibliothèques, les musées nationaux, etc.

Dépenses.

On ne se fait pas une idée de ce qu'il en coûte pour assurer le bon fonctionnement des organes d'une ville comme Paris, pour que l'instruction y soit donnée à tous, pour que les rues soient entretenues, balayées, éclairées convenablement, pour que les fontaines et les maisons particulières soient constamment alimentées de l'eau nécessaire aux usages publics et privés, en un mot, pour que le jeu régulier de tous les services administratifs soit toujours assuré.

Quelques chiffres montreront mieux, du reste, que toutes les explications, pour quelle part chacun des services de la ville entre dans les dépenses budgétaires.

La plus lourde de ces dépenses est le remboursement par annuités des emprunts que la Ville a contractés à différentes époques pour subvenir aux frais de travaux exceptionnels. C'est ce qu'on appelle la dette municipale ; elle s'élevait, en 1887, à 105 millions de francs.

Vient ensuite la voirie, qui absorbe à elle seule près de 28 millions de francs. Puis, l'instruction publique donnée si généreusement dans tous nos établissements d'enseignement primaire, professionnel ou spécial : la ville a dépensé de ce fait, en 1887, 23 millions et demi de francs. Enfin, les frais d'administration sont d'environ 6 millions.

Les Armoiries de Paris.

Chaque ville, au moyen âge, possédait des armoiries, un blason. C'était le symbole de son existence, de sa personnalité : elle le faisait sculpter au fronton de ses monuments, broder sur ses oriflammes et les étendards de sa milice ; ses actes en étaient revêtus pour acquérir l'authenticité.

Ancien sceau des marchands de l'eau

Ancien sceau des marchands de l'eau.

Le blason de Paris date au moins du treizième siècle. On se rappelle cette corporation des marchands de l'eau d'où sortit notre administration municipale et dont nous avons souvent parlé. Quand elle concluait un traité, un accord, elle scellait de son sceau la charte en parchemin sur laquelle était rédigé l'acte. Or ce sceau ou cachet de cire représentait un bateau, emblème tout naturellement indiqué pour une association de bateliers. C'étaient là des armes parlantes, comme on dit ; elles sont devenues par la suite les armes mêmes de la Ville.

Armoiries de la ville de Paris sous Charles V

Armoiries de la ville de Paris sous Charles V.

Après l'assassinat d'Etienne Marcel, en 1358, et la rentrée victorieuse du dauphin dans Paris, celui-ci, voulant sans doute indiquer la suprématie de la royauté sur la capitale de la France, ordonna qu'on ajouterait sur le blason de Paris, au-dessus du bateau, un semé de fleurs de lys, emblème du pouvoir royal.

Par la suite, on oublia l'origine historique de ces armoiries et on en modifia le sens historique, sinon la représentation.

La vieille barque des marchands de l'eau devint un navire flottant majestueusement sur des flots agités, et, au-dessous, on inscrivit cette devise : Fluctuat nec mergitur. « Il vogue sans jamais être submergé. »

On eut raison, car c'est, en effet, l'image même de Paris1. Comme son vaisseau symbolique , la grande cité va toujours de l'avant : les orages ont pu l'assaillir; elle n'a jamais sombré. Fluctuat nec mergitur !

1. Voici, pour plus de précision, le texte même des armoiries de Paris énoncé dans la langue mystérieuse de l'art héraldique : « De gueules au navire équipé d'argent voguant sur des ondes de même, au chef cousu d'azur à un semé de fleurs de lys d'or, qui est de France ancien. » Cela signifie que sur le fond rouge du blason est un navire, figuré en blanc, sur l'onde, également blanche. La partie supérieure du blason (le chef) est bleue et porte un semé de fleurs de lys d'or, anciennes armes de la royauté, qui, plus tard, se composèrent simplement de trois fleurs de lys d'or sur champ d'azur.

Armoiries actuelles de la ville de Paris

Armoiries actuelles de la ville de Paris.

Table des matières

Introduction

Livre Premier — Histoire de Paris

I. Lutèce. — Paris gallo-romain.

II. Paris sous les Mérovingiens et les Carolingiens.

III. Paris sous les Capétiens

IV. Paris sous Philippe-le-Bel

V. Paris sous les Valois. — Philippe VI et Jean le Bon.

VI. Paris sous les Valois. — Charles V.

VII. Paris sous les Valois. — XVe siècle.

VIII. Paris sous les Valois. — XVIe siècle.

IX. Paris sous les Bourbons. — Henri IV, Louis XIII.

X. Paris sous les Bourbons. — Louis XIV.

XI. Paris sous les Bourbons. — Louis XV.

XII. Paris sous les Bourbons. — Louis XVI.

XIII. Paris sous la Révolution.

XIV. Le Consulat et l'Empire.

XV. Paris sous la Restauration.

XVI. Paris sous Louis-Philippe.

XVII. Paris sous la République de 1848.

XVIII. Paris sous le second Empire.

XIX. La guerre de 1870.

Livre II — Monuments de Paris

I. Époque gallo-romaine.

II. Architecture romane (époque capétienne).

III. Architecture ogivale.

IV. La Renaissance.

V. L'architecture au XVIIe siècle.

VI. L'architecture au XVIIIe siècle.

VII. L'architecture au XIXe siècle.

VIII. L'architecture, de 1848 à nos jours.

Livre III — Administration

I. Généralités.

II. Administration municipale. — Autrefois.

III. Administration municipale. — Aujourd'hui.

IV. Voirie. — Boulevards, rues, places, etc. — Circulation. — Cimetières. — Éclairage.

V. La Seine. — Canaux. — Eaux potables. — Égouts.

VI. Approvisionnements.

VII. Enseignement. — Bibliothèques.

VIII. Musées. — Théâtres.

IX. Assistance publique.

X. Police. — Prisons. — Pompiers.

XI. Grands établissements parisiens.

Paris et les parisiens.

Les environs de Paris.