VIII. Musées. - Théâtres

Musées. — Théâtres subventionnés. — Théâtres non subventionnés.

Musées.

Paris est sans contredit la ville d'Europe et du monde entier qui renferme les plus belles collections de chefs-d'œuvre artistiques ; le musée du Louvre surtout en est un merveilleux dépôt dont les Parisiens ont le droit de s'enorgueillir.

On peut faire remonter l'histoire de ce musée à François Ier. Ce prince, ami des arts, y avait en effet réuni une assez nombreuse collection de tableaux et de dessins d'artistes italiens, particulièrement de Léonard de Vinci. Louis XIV y plaça de même quelques toiles, appartenant surtout à l'école française ; mais ce n'est que depuis le décret de la Convention qui l'érigea en musée national, sous le nom de Muséum, que le musée du Louvre a été véritablement fondé.

Il renferme toutes les richesses accumulées depuis des siècles dans les palais royaux et les objets de sculpture provenant des maisons religieuses supprimées par la Révolution. L'État veille sans cesse à augmenter ces richesses, et plusieurs particuliers lui ont fait don de leurs collections, parfois très précieuses.

Le musée du Louvre se divise en un certain nombre de sections : musées de peinture et de sculpture, musées des antiquités égyptiennes, assyriennes, grecques, étrusques et romaines, de sculpture du moyen âge et de la Renaissance, de dessins, et enfin le musée de marine où l'on peut voir les modèles, réduits à l'échelle, de toutes nos constructions navales anciennes et modernes.

Le musée du Luxembourg est destiné à recevoir les œuvres de peinture et de sculpture des artistes vivants. Ce n'est que depuis 1882 qu'il est installé dans un bâtiment isolé, ajouté à l'ancienne orangerie du jardin ; auparavant, ses galeries se trouvaient dans le palais même du Luxembourg qu'occupe le Sénat.

Le musée de Cluny est situé dans les bâtiments du bel hôtel des abbés de Cluny, reconstruit à la fin du quinzième siècle par Georges d'Amboise, abbé de Cluny. Il fut créé en 1840 sous la direction d'un archéologue éminent, du Sommerard, et possède, outre les ruines précieuses du palais des Thermes, une collection fort intéressante d'objets d'art ou de mobilier datant du moyen âge et de la Renaissance.

Les musées de sculpture et d'ethnographie du Trocadéro occupent deux ailes de ce palais. Le premier offre une série de moulages des principaux monuments ou fragments de monuments du moyen âge ; c'est une école excellente d'archéologie comparée pour l'étude de nos antiquités nationales.

Le musée Carnavalet est réuni à la Bibliothèque de la Ville de Paris, et, comme elle, il ne renferme que des objets intéressant le passé de la capitale : pierres tombales, médailles et monnaies parisiennes, modèle de la Bastille, assiettes et autres objets datant de la Révolution, meubles ayant appartenu à des Parisiens célèbres, tels que Beaumarchais, Béranger, etc.

Le musée d'Artillerie, installé aux Invalides, possède une riche collection d'armes et d'armures anciennes et modernes.

Après Paris, les villes qui possèdent les musées les plus célèbres, sont : en Angleterre, Londres, avec la National Gallery et le British Muséum ; en Allemagne, Berlin et surtout Dresde et Munich, cette dernière avec ses deux musées, appelés, l'un, la Pinacothèque, l'autre la Glyptothèque ; en Autriche, Vienne avec son musée du Belvédère, l'un des plus riches qui soient au monde ; en Belgique, les musées d'Anvers et de Bruxelles ; en Hollande, ceux d'Amsterdam et de la Haye ; en Espagne, ceux de Madrid, de Séville et de Valence ; en Italie enfin, le musée du Vatican à Rome, les musées de Naples, de Florence et de Venise.

Théâtres subventionnés.

Les Parisiens ont toujours eu un goût très vif pour le théâtre. Dès le moyen âge, alors qu'on jouait les mystères, en pleine rue et sans aucun appareil, la foule était déjà si nombreuse qu'il n'était pas rare que des personnes périssent étouffées ; le public y apportait tant de conviction, qu'une fois, pendant la représentation du mystère de la Passion, les spectateurs tuèrent de leurs propres mains un pauvre moine qui représentait le traître Judas.

Aujourd'hui, il existe à Paris un grand nombre de théâtres, plus de 40, dont quatre seulement reçoivent de l'État une subvention, c'est-à-dire une somme fixe et votée chaque année.

Le premier des théâtres subventionnés est l'Opéra, situé sur la place du même nom ; l'État lui accorde une subvention de 800 000 francs.

Fondé par lettres patentes du 26 juin 1661, l'Opéra a toujours eu pour destination de représenter les grandes œuvres lyriques. Mais c'est seulement à partir du commencement du siècle qu'il a pris un essor considérable. Il était situé alors place Louvois ; c'est là qu'au sortir d'une représentation, en 1820, le duc de Berry fut assassiné par Louvel. L'Opéra fut transféré ensuite rue Le Peletier, où eut lieu le 14 janvier 1858, l'attentat d'Orsini contre Napoléon III et la famille impériale. Les Parisiens y ont applaudi pour la première fois les chefs-d'œuvre d'Halévy, de Rossini, de Verdi, de Meyerbeer, de Gounod et des autres maîtres de la musique française.

La construction de la salle actuelle de l'Opéra a été commencée vers la fin du second Empire, sur les plans de l'architecte Charles Garnier. Deux ans avant l'inauguration de cet édifice, qui a eu lieu le 1er janvier 1875, la salle Le Peletier devint la proie des flammes, au mois de mars 1873, après une représentation de l'Africaine de Meyerbeer.

La Comédie-Française, le second des théâtres subventionnés, est située à côté du Palais-Royal. Le monument, qui date de 1782, est l'œuvre de l'architecte Louis ; il a été restauré en 1879.

Le Théâtre-Français reçoit de l'Etat une subvention de 240 000 francs par an.

On l'appelle quelquefois la maison de Molière, juste hommage rendu à l'incomparable comique qui jeta là les fondements de sa gloire. Depuis l'auteur du Misanthrope, la scène de la Comédie-Française a vu passer une pléiade de noms illustres : Lekain, au dix-huitième siècle ; Talma, Ligier, Mademoiselle Mars, Rachel dans la première moitié du dix-neuvième ; et plus près de nous encore, Samson, Provost.

L'Opéra-Comique, qu'un incendie terrible, faisant près de 200 victimes, a détruit en 1887, était situé place Boïeldieu, tout près du boulevard des Italiens ; il recevait du gouvernement 140 000 francs de subvention.

L'Opéra-Comique, était un des théâtres les plus populaires de Paris ; la salle datait de 1838 et avait été restaurée en 1879. Rien n'est encore fixé au sujet de l'emplacement définitif qu'il occupera, mais il est provisoirement installé à l'ancien Théâtre des Nations, place du Châtelet.

L'Odéon est le dernier théâtre subventionné et ne reçoit de l'État que 100 000 francs. Reconstruit en 1815, il a été restauré en 1875 ; il est situé sur la place qui porte son nom et a, rue de Yaugirard, une façade sur le jardin du Luxembourg.

Placé en plein quartier des étudiants, l'Odéon a compté dans son histoire de nombreux orages, surtout vers 1830, à l'époque de la querelle des classiques et des romantiques. Les contemporains peuvent se rappeler les luttes ardentes qui se livrèrent dans la salle même du théâtre, lors de la représentation d'Hernani, la belle tragédie de Victor Hugo, et, vers 1860, à propos de la Gaëtana d'Edmond About.

Théâtres non subventionnés.

En dehors des théâtres subventionnés par l'État, trois théâtres appartiennent à la Ville qui les loue à des administrations particulières ; ce sont les théâtres de la Gaîté, du Châtelet et des Nations (ce dernier prêté à l'État pour l'Opéra-Comique).

Tous les autres théâtres sont libres et ne dépendent de l'État que pour la surveillance et les mesures d'ordre. Citons parmi ces derniers : le Gymnase, les Variétés, l'Ambigu, la Porte-Saint-Martin, le Vaudeville, la Renaissance, le Palais-Royal, etc.

On voit par cette énumération que Paris est une ville riche en théâtres ; car si on établit la comparaison avec les grandes capitales de l'Europe, on constate que Berlin ne possède que 26 théâtres et Vienne 15 ; Londres seul surpasse Paris, car on y compte 53 salles de spectacle.

Avenue de l'Opéra

Avenue de l'Opéra.

Table des matières

Introduction

Livre Premier — Histoire de Paris

I. Lutèce. — Paris gallo-romain.

II. Paris sous les Mérovingiens et les Carolingiens.

III. Paris sous les Capétiens

IV. Paris sous Philippe-le-Bel

V. Paris sous les Valois. — Philippe VI et Jean le Bon.

VI. Paris sous les Valois. — Charles V.

VII. Paris sous les Valois. — XVe siècle.

VIII. Paris sous les Valois. — XVIe siècle.

IX. Paris sous les Bourbons. — Henri IV, Louis XIII.

X. Paris sous les Bourbons. — Louis XIV.

XI. Paris sous les Bourbons. — Louis XV.

XII. Paris sous les Bourbons. — Louis XVI.

XIII. Paris sous la Révolution.

XIV. Le Consulat et l'Empire.

XV. Paris sous la Restauration.

XVI. Paris sous Louis-Philippe.

XVII. Paris sous la République de 1848.

XVIII. Paris sous le second Empire.

XIX. La guerre de 1870.

Livre II — Monuments de Paris

I. Époque gallo-romaine.

II. Architecture romane (époque capétienne).

III. Architecture ogivale.

IV. La Renaissance.

V. L'architecture au XVIIe siècle.

VI. L'architecture au XVIIIe siècle.

VII. L'architecture au XIXe siècle.

VIII. L'architecture, de 1848 à nos jours.

Livre III — Administration

I. Généralités.

II. Administration municipale. — Autrefois.

III. Administration municipale. — Aujourd'hui.

IV. Voirie. — Boulevards, rues, places, etc. — Circulation. — Cimetières. — Éclairage.

V. La Seine. — Canaux. — Eaux potables. — Égouts.

VI. Approvisionnements.

VII. Enseignement. — Bibliothèques.

VIII. Musées. — Théâtres.

IX. Assistance publique.

X. Police. — Prisons. — Pompiers.

XI. Grands établissements parisiens.

Paris et les parisiens.

Les environs de Paris.